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Transition 8 - 800-1100 : polarisation et territorialisation en Europe du Nord-Ouest

transition 8

Porteurs

Samuel Leturcq, Elisabeth Lorans, Xavier Rodier et Elisabeth Zadora-Rio



Objet de la transition

La transition 8 porte sur une période de quatre siècles caractérisée, dans la partie de l’Europe du Nord-Ouest qui avait été incorporée à l’empire romain, par un double processus de polarisation de l’habitat, en milieu urbain comme rural, et de territorialisation à travers le développement du double maillage de la seigneurie et de la paroisse (« encellulement »). Émergence des communautés rurales.

Évolution spatiale

C’est au cours de ces quatre siècles que se met en place le système de peuplement qui perdurera sans changements majeurs jusqu’aux Temps modernes. Les principaux aspects de cette évolution spatiale sont les suivants :

  • Villages :
    • la formation des centres paroissiaux, à l’origine des chefs-lieux de commune actuels : elle est marquée par la stabilisation et la polarisation de l’habitat rural autour des églises ; la mise en place du réseau paroissial s’accompagne d’une hiérarchisation des églises, dans laquelle la distance constitue un facteur important. Au cours de ce processus de régularisation du maillage ecclésial, des églises nouvelles sont construites tandis que de nombreux lieux de culte disparaissent. A partir du 11ème siècle, le cimetière autour de l’église est un espace communautaire consacré qui accueille l’ensemble des défunts de la paroisse.
    • transformation de la morphologie villageoise : vers 800, unités d’exploitation constituées de plusieurs bâtiments, le plus souvent en bois, à l’intérieur de vastes parcelles, et zones spécialisées destinées au stockage (silos ou greniers sur poteaux) ou à la cuisson (batteries de fours) ; vers 1100, unités d’exploitations plus resserrées, bâtiments moins nombreux sur solins de pierre regroupant plusieurs fonctions ; transformation des modes de stockage (disparition des silos et des greniers sur poteaux).
  • Villes :
    • essor des anciens chefs-lieux de cités antiques : à l’extérieur des remparts du Bas-Empire, de nouveaux pôles d’habitat sont fondés, soit autour de monastères suburbains souvent établis dans des nécropoles antiques, soit autour de châteaux. Souvent dotés de leur propre enceinte, ces nouveaux pôles, sièges de pouvoir,  concurrencent la cité épiscopale en développant des activités de production et d’échange très importantes. Cet espace urbain multipolaire se densifie plus nettement à partir de 1100 et le retour à la construction en pierre confère au bâti une plus grande stabilité et une monumentalité plus affirmée.
    • émergence d’un réseau de petites villes caractérisées par une structure multipolaire et une parure monumentale comprenant un château et plusieurs églises, souvent associées à des prieurés et des bourgs monastiques. Ces petites villes sont le lieu de marchés hebdomadaires et de foires.
  • Territoires :
    • territorialisation de la paroisse : le bassin d’attraction du cimetière, l’aire d’assistance aux offices et celle sur laquelle l’église exerçait le monopole des sacrements, les décimaires (zones de prélèvement de la dîme) ont abouti à la constitution autour des églises paroissiales de territoires superposés dont les limites ont été progressivement définies.
    • émergence des communautés rurales. A partir de 1100, elles exercent un contrôle sur le fonctionnement de la vie agraire (organisation de l’accès aux ressources, définition des finages qui ne se superposent ni aux paroisses, ni aux ressorts seigneuriaux)

Axes d'analyse de la transition